Dans un monde en désordre, est chercheur spirituel celui qui cherche un ordre.
Au-delà du chaos du monde, il cherche la cohérence, l’agencement et la justesse qui sous-tendent l’apparent désordre. C’est par la lentille de son intériorité qu’il lit le monde. Il en perce l’ordre parce que lui-même est en ordre. Or la mise en ordre de nos âmes commence toujours par en explorer le chaos profond produit par nos petites humanités. Si nous restons coincés dans le bouleversement intérieur de nos émotions, nos tourments ou de nos souffrances, nous ne verrons que chaos, tourments et souffrances dans le monde. C’est à cette rencontre avec notre désordre intime et la profonde pauvreté qui s’en dégage que la recherche spirituelle nous invite. Cette rencontre que l’ego tient à nous éviter et que nous sommes si peu à consentir. Comment pouvons-nous entendre et recevoir la pauvreté du monde, si nous ne sommes pas en mesure de rencontrer la nôtre ?
Dans le pire des mondes, est chercheur spirituel celui qui cherche son meilleur.
Ne sommes-nous pas déjà dans le pire des mondes lorsque des hommes sont capables de se tuer au nom de Dieu ou lorsque pour avoir plus, nous confisquons aux autres hommes le simple droit d’avoir quelque chose ? Où est ce meilleur de l’homme qui pourrait construire le meilleur des mondes sinon dans celui qui descend au fond de ses abîmes pour se laisser aimer. Il existe une nature humaine qui se laisse suffisamment aimer qu’elle peut aimer le reste des hommes.
Dans un monde en guerre, est chercheur spirituel celui qui cherche sa paix.
Mais où se trouve cette paix sinon d’abord au fond de nos âmes lorsque nous nous mettons en face du guerrier qui s’y terre, pour l’étreindre et le désarmer. Ce guerrier permanent prêt à prendre les armes pour un oui pour un non et faire de nos vies un champ de bataille. La recherche spirituelle est un combat courageux pour conquérir et défendre nos terres de paix. Un combat sacré avec nous-mêmes dont l’unique enjeu consiste à passer d’un poing fermé qui s’apprête à frapper à une main ouverte qui caresse.
Dans un monde mensonger et insensé, est chercheur spirituel celui qui cherche la vérité et le sens.
Mais où se trouve la vérité sinon au bout du silence de nos âmes attentives, lorsque nous posons des questions nettoyées de nos bavardages et de nos mensonges inutiles ? Savons-nous questionner en vérité les arcanes de nos vies ? Savons-nous tout faire taire par la sincérité de nos cœurs pour être prêts à entendre les réponses en vérité ? C’est à ce prix que le chercheur spirituel a des chances de trouver l’inspiration. Le sens apaise et guérit. Le sens nettoie et éclaircit l’âme. Le sens nous ouvre ainsi les portes de la contemplation du monde par laquelle nous accédons peu à peu à l’ordre des choses. Or qu’est-ce que l’ordre des choses sinon la trace de Dieu.
Extrait de La première paix mondiale, Québec-Livres, Montréal, 2015.
Comments